L’islam, ennemi de l’intérieur : le chemin de la France vers la guerre civile

Depuis quinze ans, la question musulmane cristallise des tensions grandissantes au sein de la nation française. L’Etat et les gouvernements successifs ont pris des mesures pour éloigner de la sphère publique les fidèles à l’islam, contraints de se replier davantage en communautés religieuses. Le musulman devient l’ennemi de l’intérieur. La guerre ne fait que commencer, et elle risque de déchirer en profondeur le peuple de France. La gravité du processus commande de prendre du recul pour en analyser tous les tenants et aboutissants.


Par Benoit Delrue.
5 900 mots environ. Temps de lecture estimé : 30 minutes. L'horloge du Bilan


L’islam n’est plus toléré en France. Les musulmans sont progressivement exclus de la sphère publique, de la vie collective, par des mesures discriminantes. Pour la plupart de nos compatriotes, ce processus est justifié. Que l’on soit chrétien, juif ou athée, la religion au croissant est vue comme un danger potentiel, comme une force réactionnaire qui veut abattre les progrès de notre civilisation. La laïcité est invoquée comme barrage à l’islamisme qui envahit l’hexagone, aux yeux d’une proportion grandissante de Français. La distinction entre intégristes et fidèles se fait de plus en plus confuse.

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Selon la pensée dominante, notre pays fait face à une guerre intérieure dont l’ennemi est la religion musulmane. Et comme tout ennemi, il doit être soumis et vaincu – c’est la seule issue possible, à moins qu’il ne nous soumette et nous vainque. Le conflit n’en est donc qu’à ses débuts, et risque de prendre des proportions terribles dans les années à venir. Mais il est encore temps de l’éviter. Cet espoir tient en une raison simple : le peuple de France n’a aucun intérêt à la guerre qui éclot. L’analyse du processus en cours, pour en démonter ses mécanismes et révéler ses intérêts sous-jacents, est primordiale. Le salut de la cohésion de notre pays dépend de cette hauteur de vue.

La question du voile

Depuis une petite quinzaine d’années, l’islam a progressivement occupé une place centrale dans le débat national. Si bien que les pouvoirs publics, Etat et gouvernement en tête, ont pris « les mesures qui s’imposent ». De nouvelles règles ont été édifiées pour « contenir » une pratique religieuse systématiquement vue comme « ostentatoire ».

Après des années de médiatisation, entamée par l’ « affaire » des collégiennes de Creil en 1989, le port du voile dans les établissements de l’Education nationale a été purement et simplement interdit en 2004. La loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises, voulue par Jacques Chirac, fait polémique. Le pays est alors divisé sur la question, le texte législatif apparaissant comme discriminant ; en effet, il autorise le port de « signes religieux discrets », et ne vise en réalité que les jeunes filles portant le foulard. Le caractère « ostentatoire » de ce dernier, que certains considèrent comme du prosélytisme, est alors loin de faire l’unanimité chez les Français. Les défenseurs de la loi réduisent les adolescentes portant le voile à des « victimes », forcément sous la domination de leur père ou de leur frère. Les opposants estiment que c’est pousser hors de l’école publique une part importante d’élèves. La loi est finalement votée et adoptée. Depuis lors, les adolescentes portant le foulard doivent enlever le bout de tissu à l’entrée des collèges et lycées publics, sous peine d’en être exclues.

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Le nouveau règlement finit par entrer dans les mœurs. Si bien que le port du foulard est également interdit à tous les agents des services publics à partir de 2006, selon une « Charte de la laïcité » énoncée par le Haut conseil à l’intégration. L’année suivante s’ouvre une nouvelle polémique, sur la présence de mères voilées dans les sorties scolaires comme accompagnatrices. L’évolution des positions est marquante : SOS Racisme, l’association proche du PS, qui avait pris en 1989 la défense des collégiennes de Creil, co-signe le 10 décembre 2007 une tribune dans Libération refusant le port du foulard par les mamans d’élèves. « Cautionner la présence d’accompagnateurs se discriminant eux-mêmes par le port de signes distinctifs (…), c’est oublier la valeur d’exemplarité de l’adulte aux yeux de l’élève » juge le texte, signé également par l’autre association à l’initiative de Julien Dray, Ni putes ni soumises, par la LICRA et l’Unsa-éducation. La proposition, largement partagée par la droite, trouvera son expression législative par la « circulaire Chatel » du 2 mars 2011. Elle établit que les parents d’élèves participant aux sorties scolaires se placent dans « une situation comparable à celle des agents publics ». Là encore, la mesure ne fait pas l’unanimité. Ses opposants estiment que les parents d’élèves participant aux sorties sont précisément ceux qui s’impliquent dans l’éducation de leurs enfants, qui veulent prendre part à la vie en collectivité. Il s’agit donc bien d’une mesure discriminante, d’autant qu’elle vise spécifiquement – bien que toujours implicitement – les mères voilées. Luc Chatel, alors ministre de l’Education, réplique qu’ « il ne faut pas transiger avec la laïcité ».

Entre temps, une autre loi a été votée, suscitant là aussi la polémique. Après plusieurs mois d’évocation et d’annonce, Nicolas Sarkozy fait adopter en octobre 2010 la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Reposant sur des principes juridiques flous, elle est officiellement votée pour interdire le port du niqab, un habit qui couvre l’intégralité du visage à l’exception des yeux, ou de sa déclinaison afghane la burqa – où les yeux sont derrière une grille de tissu. Le caractère rétrograde du vêtement fait l’unanimité ; la polémique porte sur l’opportunité d’une telle loi. Selon toutes les études d’alors, ces habits ne sont portés en France que par une poignée de femmes, quelques dizaines dans tous le pays. C’est lui faire une publicité hors du commun que de produire un tel texte législatif, aussi médiatisé par le chef de l’Etat. Pour le gouvernement UMP d’alors, l’objectif est rempli : apparaître comme les meilleurs défenseurs des « principes de liberté » qui seraient ceux de la France.

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Dans l’imaginaire collectif, le foulard et la burqa se confondent pour mieux susciter le rejet. Les femmes portant en public un simple voile sur leurs cheveux sont cataloguées dans la mouvance « fondamentaliste ». Les Français, initialement divisés sur la question, sont devenus unanimes en moins de dix ans, à force de polémiques et d’occupation du débat public. En octobre 2012, selon un sondage Ifop pour Le Figaro, 63% des Français sont catégoriquement opposés au port du foulard pour « les musulmanes qui le souhaitent », que ce soit dans la rue ou ailleurs. 28% y sont indifférents et seuls 7% le tolèrent. En mars 2013, une enquête du même institut pour Ouest-France révèle que 84% des Français se déclarent opposés au port du voile par des femmes travaillant dans des lieux privés accueillant du public. 12% des interrogés se montrent indifférents et seuls 4% tolèrent le foulard dans les entreprises privées.

Plats de substitution et jupes longues

Depuis, le phénomène s’est intensifié. Le changement de majorité politique n’a freiné en rien le processus d’exclusion progressive des fidèles musulmans de la sphère publique. Dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement de gauche s’est refusé à remettre en question les lois votées sous les précédentes législatures. Malgré des manifestations en faveur de la participation des mères voilées aux sorties scolaires comme accompagnatrices, le ministre socialiste de l’Education nationale Vincent Peillon a affiché fin 2013 son intention de maintenir les dispositions prises par son prédécesseur. Najat Vallaud-Belkacem, en poste depuis la rentrée 2014, a annoncé le 21 octobre sa volonté d’abroger la circulaire Chatel ; elle s’est depuis fait remonter les bretelles par le Premier ministre Manuel Valls. Le 5 novembre devant l’Assemblée, la ministre rétropédalait : « Contre le prosélytisme quel qu’il soit, nous agissons avec fermeté. Je confirme ici que la circulaire Chatel continuera à être utilisée par les personnels de l’Education nationale. »

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L’exclusion de la pratique musulmane dans la sphère publique ne se limite pas à la question du foulard. La droite française, UMP-Républicains comme UDI, est à l’avant-garde de cette triste série. La « vague bleue » résultant des élections municipales de mars 2014 a entraîné dans de nombreuses municipalités l’interdiction des « plats de substitution » dans les cantines scolaires. La pratique courante veut que le jour où du porc est servi, par respect des élèves de familles musulmanes et juives, un autre menu est proposé – du poisson ou un plat végétarien, le plus souvent. Des dizaines de communes ont pris la décision de supprimer ce deuxième plat, « par mesure d’économie » ou « par respect de la laïcité ». Sous l’égide de Nicolas Sarkozy, qui a repris les rênes de l’UMP fin novembre, la proposition est devenue centrale dans le projet de la droite. Le procédé visant à imposer un thème dans le débat public fonctionne toujours aussi bien. Selon un sondage publié le 20 mars dernier, réalisé par Odoxa pour iTélé, 53% des Français se déclarent opposés aux plats de substitution le jour où du porc est servi – une proportion en nette augmentation avant que la droite ne déclenche la polémique. La gauche gouvernementale, dirigée par un Valls sur les plates-bandes conservatrices, se garde bien de s’opposer explicitement aux mesures discriminantes.

L’UMP, qui deviendra le 30 mai « Les Républicains », fait de la lutte contre l’ « islamisme » une priorité. Son président a programmé dès février une « Convention » en juin pour définir un « islam de France » ; et il ne cache pas son souhait d’étendre l’interdiction des plats de substitution et d’interdire le voile à l’université. Le port du foulard chez les étudiantes est pourtant des plus communs. L’université est un lieu d’enseignements et de recherches qui accueille sans distinction ceux qui acceptent les règles d’ouverture, de débat, d’apprentissage et de production intellectuelle. De plus, de nombreux étrangers viennent suivre leurs études en France, en provenance de pays où le voile est culturellement ancré. Qu’importe : les Républicains autoproclamés s’attachent d’ores et déjà à cette étape supplémentaire dans l’exclusion des fidèles à l’islam de la sphère collective. Le bureau politique de l’UMP a adopté, en mars, la mesure pour la faire figurer dans son projet politique.

Pendant ce temps, la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques fait l’objet des interprétations les plus farfelues – mais si elle vise spécifiquement les jeunes musulmans, son application est soutenue par les pouvoirs publics. En mars 2012, une lycéenne de Saint-Ouen-l’Aumône, dans le Val d’Oise, a été refusée à l’entrée de son établissement parce qu’elle portait « une jupe trop longue ». L’administration, interrogée par la presse, botte en touche : la lycéenne a en fait été renvoyée parce qu’ « elle n’avait pas ses affaires de classe ». Le 4 avril 2013, une élève a été renvoyée du collège des Prunais, à Villiers-sur-Marne (94), parce que son bandeau et sa jupe constituaient une « tenue religieuse » selon l’établissement. La commission rectorale avait alors cherché à faire preuve de compréhension et de bienveillance à l’égard de la collégienne.

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Depuis, l’application de la loi s’est encore durcie. La jeune Sarah, élève de 15 ans scolarisée au collège Léo-Lagrange à Charleville-Mézières, a été refusée à l’entrée de son établissement à deux reprises en avril 2015, l’obligeant à chaque fois à reprendre le bus et le train pour rentrer chez elle. Motif : sa jupe est trop longue. Dans une lettre aux parents, la directrice y voit une « manifestation ostensible d’une appartenance religieuse ». La jeune fille réplique : « Cette jupe n’a vraiment rien de particulier, elle est toute simple, elle n’a rien d’ostentatoire. Je l’ai achetée chez Kiabi pour deux euros. » Mais cette fois, le rectorat apporte tout son soutien à la directrice. « Quelques élèves portent également des tenues jugées ostentatoires et nous sommes en train de discuter avec certains parents pour que la charte de la laïcité puisse s’exprimer pleinement », annonçait l’inspecteur académique des Ardennes. Même la ministre socialiste appuie la décision : la direction « a fait preuve de discernement » avance Najat Vallaud-Belkacem, assurant qu’ « il a été jugé qu’il y avait du prosélytisme de la part de l’élève ». Sur les réseaux sociaux, une vague d’indignation s’est soulevée contre ces décisions injustes. Mais à force de couverture médiatique et d’accusations publiques de « fondamentalisme » ou « communautarisme », il ne fait pas de doute que les Français finiront à changer d’avis sur cette question comme sur les autres. La « jupe à caractère islamique » (sic) risque fort d’entrer en ligne de mire de l’opinion publique pour se voir interdire d’accès dans les prochaines années.

Propagande de guerre

La succession de mesures discriminantes s’inscrit dans un processus global dont la nature guerrière ne fait aucun doute. De plus en plus violente, la rhétorique utilisée par les dirigeants de l’Etat impose l’idée que l’islam est l’ennemi numéro un des Français. En février 2012, Claude Guéant alors ministre de l’Intérieur déclare que « toutes les civilisations ne se valent pas (…), nous devons protéger la nôtre ». Il poursuit : « Les civilisations qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient (…). Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. » Sans nommer ces « civilisations inférieures », il paraît évident que la religion musulmane est mise en cause par ce proche de Nicolas Sarkozy, qui s’évertuait depuis dix ans à prendre les mesures les plus restrictives à l’égard de la pratique de l’islam.

Dans la propagande dominante, musulmans et fondamentalistes, voire terroristes, sont systématiquement assimilés par des méthodes insidieuses, toujours implicites. Au lendemain des attentats touchant Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, le maire de Tourcoing et secrétaire général de l’UMP, Gérald Darmanin, s’est dit « frappé par la très faible présence des jeunes Français musulmans dans les manifestations de dimanche » 11 janvier, évoquant « un problème d’assimilation évident ». « Si l’on veut éviter la guerre civile, il faut que la République se donne les moyens de conclure un contrat avec l’islam » a-t-il insisté, et d’en appeler à « un nouveau concordat » – le type de traité régissant les relations entre Etat et Églises non séparés. Pour le jeune dirigeant de droite, c’est un retour nécessaire pour « dire ce que nous attendons des musulmans de France ».

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Christian Estrosi, le maire UMP-Républicains de Nice et tête de liste de la droite dans la région PACA, n’y va pas par quatre chemins : « La troisième guerre mondiale » est commencée. Elle a été « déclarée à la civilisation judéo-chrétienne et à la France ». L’ennemi est omniprésent, organisé en France en « une cinquième colonne islamiste » prête à détruire la nation de l’intérieur. Les mots d’Estrosi, qui a reçu « tout [le] soutien » de Sarkozy, sont forts. Mais ils font directement écho aux propos du chef de l’Etat et du Premier ministre socialistes. Après les attentats de janvier, tous deux insistaient sur « la guerre contre le terrorisme » auquel notre pays est confronté, à l’extérieur et à l’intérieur. Le 9 février, Valls ciblait son ennemi, « pas seulement les terroristes, mais l’intégrisme, le conservatisme, le radicalisme », et de poursuivre : « Il faut combattre le discours des Frères musulmans dans notre pays ».

A mesure que le processus discriminant se construit, il gagne en intensité. Allant quelques pas plus loin que Darmanin, le maire UMP-Républicains de Venelles a proposé ni plus ni moins, le 14 mai, d’ « interdire le culte musulman en France ». Robert Chardon expliquait comment : « Je supprime la loi de 1905 et je proclame que la République favorise la pratique de la foi chrétienne », précisant que « les contrevenants prendront le bateau ou l’avion ». Jugé opportunément « fou » par ses collègues, il n’a été désavoué que délicatement par l’ancien chef de l’Etat. « Je condamne cette proposition même si la laïcité c’est aussi fixer des limites. Droit et limites, cela va ensemble » a réagi Nicolas Sarkozy. Un « oui, mais » qui consacre plus de temps à appuyer les « limites » infranchissables de l’islam qu’à condamner la proposition d’interdire, purement et simplement, un culte dans notre pays. Autant dire que nous n’en sommes pas si loin.

La « communauté musulmane » fantasmée

La thèse chère à l’extrême-droite du « péril islamiste » est donc progressivement reprise par la droite, le centre – Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, insiste sur l’ « islamo-fascisme » – et par la gauche gouvernementale. Dans l’histoire qui est racontée aux Français, la « communauté musulmane » est fantasmée. Alors que tous les spécialistes précisent qu’il n’y a pas une, mais des communautés musulmanes en France, et estiment le nombre de croyants autour de deux millions, l’idéologie dominante présente une version toute autre des événements. Il y aurait une grande communauté musulmane, à la composition homogène, qui refuserait en bloc de « s’intégrer » à la nation française. Elle prend, dans certains discours, des proportions colossales. En 2003, Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur estimait le nombre de musulmans entre cinq et six millions. Cette estimation se base sur une définition prenant en compte tous ceux dont les ancêtres viennent d’un pays majoritairement musulman. Peu importe si en 2010 le ministère de l’Intérieur a évalué le nombre de pratiquants entre 1,6 et 2 millions de personnes en France : le nouvel occupant du poste, Claude Guéant, affirme en avril 2011 que le nombre de musulmans se situe « entre cinq et dix millions ». Une estimation sortie tout droit du Front national, qui fait campagne depuis des années contre les « huit millions » de fidèles à l’Islam dans l’hexagone. Dans la surenchère actuelle, Jean-Marie Le Pen a soutenu en janvier 2015 qu’ « entre 15 et 20 millions de musulmans vivent en France ». Rien n’est trop gros pour faire peur au Français « de souche ».

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Plus encore que la quantité, c’est la qualité des croyants qui fait l’objet d’une propagande sans merci. La rhétorique dominante entretient volontairement une confusion totale entre musulmans, islamistes, fondamentalistes et terroristes. Le terme même d’ « islamisme » porte totalement à confusion. Très utilisé depuis quinze ans en France, il fait l’objet de définitions vagues et d’interprétations extrêmes. En réalité, il recoupe l’ensemble de l’islam politique – les Frères musulmans notamment, parti fondé en Egypte par le grand-père de Tariq Ramadan. Par définition, la volonté de confondre lois publiques de l’Etat et lois religieuses relève de l’intégrisme, mais de nombreuses nuances existent entre conservatisme, libéralisme économique, et les mouvances propres à l’islam : sunnisme, chiisme, salafisme. S’il est juste qu’une part importante des fidèles à l’Islam de France est proche des thèses conservatrices des Frères musulmans, l’adhésion au djihadisme ou à d’autres engagements extrémistes est quasiment nulle. Dans l’imaginaire collectif des Français, l’ « islamisme » brouille ces réalités pour mettre ensemble les adeptes de tout engagement public pour l’islam, et même les simples pratiquants. Le respect des règles islamiques, comme le jeûne du ramadan, sont de moins en moins tolérées par l’opinion publique de notre pays, qui les considère comme ostentatoires et prosélytes.

Les musulmans de France sont soumis en permanence à une présomption d’intégrisme, sans égard aucun pour leurs opinions politiques réelles. Seuls quelques-uns échappent à l’accusation, précisément ceux qui acceptent le plus le phénomène dominant. Ainsi, l’imam Hassen Chalghoumi est constamment invité sur les plateaux télévisés et aux initiatives publiques en présence de personnalités politiques. Salué pour sa prétendue « œuvre de tolérance », il ne suscite quasiment aucun soutien chez les musulmans de France. Muet sur les mesures de discrimination prises à l’égard des fidèles, il est heureux de participer aux cérémonies officielles et d’apparaître aux côtés des dirigeants. Dans cette mauvaise tragédie, Chalghoumi joue à peu près le même rôle que Samuel L. Jackson dans « Django Unchained » – l’esclave soi-disant proche du maître et pire ennemi de ses pairs. La réalité contemporaine française est moins brutale que la fiction, mais elle est d’une violence terrible pour ceux qui la vivent.

Laïcité et communautarisme

Le processus d’exclusion progressive des musulmans se justifie par le « respect de la laïcité ». C’est un retournement total du principe de neutralité. La laïcité repose sur la séparation organique totale de l’Eglise et de l’Etat, rompant avec une longue tradition d’une France profondément liée au catholicisme et au Vatican pour ses grandes décisions. Elle instaure également la neutralité de l’Etat à l’égard des confessions religieuses. Les Français ne sont pas interdits de pratiquer une religion, au contraire : ils peuvent la pratiquer dans la sphère privée et la sphère publique, quelle que soit leur croyance, à condition de ne pas faire de prosélytisme. Autrement dit, la mise en valeur et le recrutement actifs d’une religion sont interdits dans l’espace public, mais pas la pratique des fidèles eux-mêmes.

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L’interprétation de la laïcité, faite depuis quinze ans par les milieux conservateurs, diffère totalement de ses principes fondateurs. Certaines pratiques religieuses elles-mêmes sont considérées comme prosélytes ; il est donc logique, suivant ce raisonnement, qu’elles soient tout à fait interdites de l’espace public. Etrangement, seule la pratique de la religion musulmane rentre dans cette catégorie fabriquée sur-mesure. A force de médiatisation, le port du foulard est devenu aux yeux d’une majorité de Français comme un affront à leurs libertés. La laïcité d’aujourd’hui interdit de ne pas manger du porc dans une cantine scolaire, tandis qu’elle autorise le chef de l’Etat – Sarkozy en 2010 – à faire des signes de croix face caméra lors d’une visite au Vatican, ou à se rendre dans une synagogue, kippa sur la tête – Hollande en 2015. Les faits nourrissent le sentiment, en particulier chez ceux qui les subissent, qu’il y a « deux poids, deux mesures » dans la loi française. Pour une raison simple : il y a deux poids, deux mesures dans la loi française. Passée d’un processus progressiste de rompement des traditions religieuses dominantes et d’ouverture sur le monde, la laïcité est devenue une thèse conservatrice de repli sur la « civilisation judéo-chrétienne », chère à Guéant et à l’ensemble des dirigeants politiques français.

L’exclusion publique de l’islam, même si elle ne fait que commencer, est une victoire de l’extrême-droite chauvine tant sa thèse fait désormais l’unanimité dans le monde politicien. La question religieuse, spécifique, trouve un pendant ethnique dans le racisme structurel. Ce dernier, par définition, impose une vision racialiste de l’humanité selon des groupes ethniques qui « ne se valent pas ». Derrière la « civilisation judéo-chrétienne » se trouve l’homme blanc européen ; derrière l’islam se trouve l’arabe. Les plus farouches opposants au « péril islamiste » ne cachent pas leur aversion pour les maghrébins et autres peaux bronzées. Sarkozy lui-même évoquait, en mai 2012, les « musulmans d’apparence ». Or, rappelons-le, le racisme est avant tout un phénomène structurel, nourri par l’Etat, les institutions publiques et les principaux « acteurs du marché » – grandes entreprises privées et autres propriétaires fonciers. Ce sont les mécanismes économiques et politiques, la détermination des rapports sociaux, qui instituent une discrimination à l’égard de certains groupes ethniques. Ici, les deux phénomènes, le racisme français et la question musulmane, sont intimement liés – comment ils sont liés à l’histoire coloniale de la France, déchue de son empire. Le racisme n’est pas l’objet de cet article, mais l’aborder était nécessaire pour prendre en compte l’ensemble du paysage culturel français. Revenons à notre sujet.

L’exclusion publique de l’islam est donc progressivement renforcée par l’accumulation de mesures successives. A ce phénomène, il faut prendre en compte une réalité sociale. Les musulmans sont particulièrement surreprésentés – en comparaison à la moyenne nationale – dans les couches les plus démunies de la classe ouvrière française, pour des raisons historiques, sociologiques et économiques. Or, les classes exploitées subissent beaucoup plus violemment les mécanismes discriminants que la grande bourgeoisie capitaliste ou la classe dirigeante intermédiaire (directeurs et cadres). Les musulmans de la classe ouvrière, face au rejet de leur foi dans les sphères collectives que sont l’école et l’entreprise, n’ont d’autre choix que de se replier dans un espace confiné. Dans le périmètre d’un quartier ou d’une ville périphérique, ils s’affranchissent enfin des interdictions étatiques pour exercer leurs pratiques religieuses sans inquiétude. Alors que les organisations historiques de la classe ouvrière (CGT et Parti communiste en tête) ont abandonné ces dernières décennies toutes les méthodes d’entraide concrète qui faisaient leur force, les musulmans de France sont laissés à eux-mêmes. Ils ne trouvent la solidarité, nécessaire dans la condition qui est la leur, qu’au sein de leur communauté religieuse.

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A force de subir jour après jour, année après année le rejet de leur identité musulmane par tout ce qui fait figure d’autorité en France, certains reproduisent à l’échelle du quartier les discriminations qu’ils subissent. Les non-musulmans, voire les non-« musulmans d’apparence », n’y sont pas plus tolérés que les prolétaires fidèles à l’islam ne le sont dans les centres-villes. C’est alors une réalité terrible pour le blanc qui subit la discrimination, qui n’hésitera pas à verser dans la thèse chauvine du « Français de souche » supérieur aux indigènes. Mais il faut bien comprendre une chose : la sous-discrimination n’est qu’une réaction violente à la discrimination institutionnelle. Cette inversion brutale du schéma n’émerge que parce qu’il existe au préalable un schéma excluant. Plus le processus d’exclusion se poursuivra, plus il entraînera des réactions furieuses. Le communautarisme est donc créé précisément par ceux qui prétendent le combattre. Les mesures prises aujourd’hui par les partis gouvernementaux, sous la pression d’un FN extrémiste, ne vont faire que renforcer ce phénomène. Potentiellement, jusqu’à nous conduire à la guerre civile.

Le « choc des civilisations »

Il est désormais temps de prendre du recul pour analyser l’origine de cette guerre contre l’islam, commencée en France. Nous avons vu qu’il s’agit d’un processus. Ses conséquences sont déjà dévastatrices : l’opinion publique est focalisée sur l’islam et les tensions vont croissantes. Selon le sondage Ifop/Figaro d’octobre 2012 déjà évoqué, 60% des Français considèrent que l’influence et la visibilité de l’islam sont « trop importantes » en France. 43% des sondés déclaraient que la présence d’une communauté musulmane est une menace pour le pays. Depuis, la proportion n’a pu qu’augmenter, tant le débat national est resté monopolisé par la question musulmane – et les amalgames constants entre islam, intégrisme et terrorisme, alors même que notre pays était touché par des attentats.

Tout le processus à l’œuvre en France s’inscrit dans le contexte idéologique international, imposé par les Etats-Unis, autour du « choc des civilisations ». Cette théorie, titre d’un livre paru en 1996 par l’universitaire américain Samuel Huntington, considère que le monde contemporain est divisé non plus selon des clivages idéologiques et politiques, mais selon des antagonismes culturels et « civilisationnels ». Par nature, les civilisations seraient opposées, inconciliables ; et les relations géopolitiques internationales seront matricées par ces clivages nouveaux. Le « choc des civilisations »  est un concept à la fois conservateur et empirique, au sens où il propose un développement intéressant à partir de certaines observations tout en niant certains aspects fondamentaux, comme le rôle de l’économie dans la définition des rapports sociaux et géopolitiques. Il serait resté à l’état de simple thèse si les gouvernants américains n’en avaient pas fait une doctrine pour leur politique extérieure.

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Depuis l’administration Georges W. Bush en 2000, l’idée que nous sommes face à un « choc des civilisations » anime le gouvernement des Etats-Unis. Dans ce monde nouveau, les USA n’ont d’autres choix pour assurer leur domination culturelle – et pour assurer la liberté et le droit dans les contrées barbares, nous dira-t-on – que d’exercer un bras-de-fer permanent avec ses « concurrents », jusqu’à intervenir militairement. Les relations avec la Russie se sont particulièrement refroidies, aidées en cela par le nationalisme de Poutine. La Chine émergente, bientôt première puissance économique mondiale, est vue comme une menace. Le Moyen-Orient et le Maghreb refusent de se plier au développement des intérêts économiques occidentaux.

Le facteur accélérant dans l’imposition de ce schéma géopolitique est sans conteste la journée du 11 septembre 2001, durant laquelle des attentats ont visé les Etats-Unis, touchés pour la première fois de leur histoire sur leur sol. Le terrorisme islamique, et par extension le monde musulman, est devenu l’ennemi numéro un dans les consciences collectives, à force de matraquage médiatique. Derrière cet adversaire désigné, les USA ont veillé à affaiblir les régions qui leur tenaient tête. Ils ont ainsi prétexté des liens entre Saddam Hussein et les terroristes pour ravager l’Irak laïc ; et, plus insidieusement, ont ensuite porté leur puissance de feu contre la Syrie d’El-Assad. Avec la France et la Grande-Bretagne, les Américains ont fait tomber le régime de Kadhafi en Libye, au grand profit des pétroliers occidentaux qui ont pu piller les ressources du pays. Les Etats-Unis ont d’abord travaillé à resserrer les liens au sein de sa propre « civilisation », en s’assurant du soutien indéfectible de l’Union européenne et ses Etats-membres. C’est ainsi que la France est revenue dans l’OTAN en 2009, cinquante-six ans après l’avoir quitté. C’est également la raison du « marché transatlantique » préparé, dans l’ombre, par des traités.

President Barack Obama, NATO Secretary General Jaap de Hoop Scheffer and fellow NATO leaders step down from a photo platform April 4, 2009, following their group photo at the NATO meeting in Strasbourg, France.  Official White House Photo by Pete Souza

Ce qu’il se passe à l’extérieur est loin de la propagande affichée ; néanmoins, la désignation systématique depuis quinze ans de l’ « islamisme », qu’il faudrait plier à notre civilisation supérieure, a un impact dévastateur à l’intérieur. Dans nos pays occidentaux, et particulièrement en France, la minorité musulmane est de moins en moins tolérée. La guerre, nécessitant une mobilisation totale de la nation, est de plus en plus invoquée. Ce n’est pas étonnant que le Front National prospère comme rempart à l’ « islamisation » « rampante » (sic) de la France. Le mouvement de tension, qui va en s’accentuant, est loin de trouver une issue. Il n’amène qu’à une contraction supplémentaire du peuple français, qu’à des oppositions de plus en plus violentes où chacun se focalise sur les conséquences et non plus sur les causes.

Le souffle nécessaire au capitalisme

Nous vivons ce phénomène terrible sans en prendre tout à fait conscience. Comme la grenouille plongée dans l’eau froide, portée progressivement à ébullition, nous ne nous rendons pas compte de la menace qui pèse sur la cohésion nationale de notre pays. Les mesures s’accumulent, l’enchère se poursuit, les Français y adhèrent en majorité – et pourtant le risque d’une rupture profonde dans notre peuple grandit de jour en jour. Pour saisir toute la genèse, toute la nature du processus en cours, nous devons prendre un recul supplémentaire.

Nous vivons au sein d’un régime capitaliste qui présente différentes classes sociales aux intérêts antagonistes. Le monde est divisé entre ceux qui vivent de leur travail, de leurs efforts quotidiens, et ceux qui s’assoient sur une fortune immense constituée par des empires commerciaux. Les détenteurs des grands capitaux dirigent le monde ; ils possèdent les banques, les industries, les services, les médias, les productions artistiques. Socialement, ils forment depuis le 18ème siècle la grande bourgeoisie – qui est parvenue en Europe à renverser la vieille noblesse en tant que classe dominante. Ils prospèrent grâce au travail de la classe ouvrière, définie par son absence de capital – au sens d’un amas de richesses conférant la capacité d’employer et d’investir. La grande bourgeoisie et son incessante propagande, relayée par ses fidèles politiciens, professeurs et journalistes, est parvenue au fil du temps à effacer dans la conscience collective l’existence même des classes sociales. Les Français ne seraient plus structurés socio-économiquement que dans une grande « classe moyenne » et selon des « catégories » plus ou moins aisées. Plus la classe dominante se dissimule, plus elle renforce son pouvoir hégémonique : aujourd’hui, 67 personnes détiennent autant de richesses que la moitié de l’humanité.

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L’idéologie dominante ne tient qu’à condition de dévier le regard de la classe ouvrière des antagonismes économiques, de l’opposition organique du capitalisme entre exploités et exploiteurs. C’est pourquoi nos Etats ont besoin de mener en permanence des guerres pour focaliser notre attention et créer un sentiment d’union nationale qui dépasserait tous les clivages sociaux. Or, l’ennemi soviétique a été vaincu au crépuscule du 20ème siècle. Il fallait donc trouver un nouvel ennemi, condition sine qua non à toute guerre ; et l’islam a été désigné. La deuxième religion du monde en nombre de fidèles, derrière le christianisme, était toute trouvée pour représenter l’archaïsme face aux nations capitalistes modernes. Elle est assimilée à des pays où les Etats-Unis ou la France ont intérêt à intervenir, pour placer sur l’échiquier mondial leurs pièces économiques – Bolloré, Bouygues, Total ou Areva pour l’hexagone. Et la menace terroriste grandissant, il n’en fallut pas plus pour que les classes exploitées des pays occidentaux adhèrent en masse à la thèse du « choc » inéluctable.

Les mêmes dirigeants français, « défenseurs de notre civilisation » et « intransigeants sur la laïcité », qui n’ont pas de mots assez durs contre le « fondamentalisme islamique » à l’intérieur, sont ceux qui entretiennent des relations plus qu’amicales avec les théocraties les plus rétrogrades au monde. Sarkozy était le grand ami du Qatar, monarchie absolue dont l’emploi d’immigrés relève quasiment de l’esclavage. Hollande se veut le grand ami de l’Arabie saoudite, dont l’application fanatique de la charia n’a rien à envier à la justice sous l’Etat islamique. Les élites françaises ne sont donc pas en guerre contre l’intégrisme religieux, loin de là. Plus encore, avant d’être une guerre internationale, le « choc des civilisations » est une guerre intérieure à nos nations, et même intestine à la classe ouvrière. En France, les musulmans sont pointés, implicitement et insidieusement, comme responsables du mal-être populaire, de la régression des libertés ou du chômage béant. Plus nos concitoyens enragent contre leur voisin pratiquant, moins ils se rendent compte de la nature réelle des rapports de domination – ou de la prééminence de la grande bourgeoisie, des multimilliardaires, dans le désastre économique que vit notre pays.

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A l’heure où presque dix millions de travailleurs sont privés d’emploi légal, et où les richesses sont davantage confisquées par une caste, le malaise social n’est pas près de s’estomper. Il est même parti pour s’aggraver, et attiser bien plus vivement encore le feu de l’opposition intestine. Le meilleur moyen de revenir sur le processus en cours est d’affirmer l’identité de classe du peuple français, son appartenance en immense majorité à la classe ouvrière – malgré la propagande qui veut que nous faisions tous partie d’une classe moyenne fantasmée. Le peuple de France s’est constitué, depuis toujours, de vagues d’immigration et de mélanges culturels. La fraternité peut être trouvée par les intérêts communs partagés par les travailleurs de France, dans la condition commune de travailleurs exécutants maintenus écartés des formidables richesses de notre monde. Le mal-être des Français refluera par la prise de conscience de leur identité sociale, de leur rôle – et de leur poids réel sur l’écriture de l’Histoire. La cohésion de notre peuple, contrairement aux apparences véhiculées par le schéma dominant, ne se trouvera pas dans un multiculturalisme à l’américaine, dont chacun peut constater aujourd’hui les dégâts. L’universalisme républicain est un progrès, à condition qu’il se fonde sur le respect de toutes les fois, et non sur la domination d’une pensée prétendument supérieure. Le chemin est long, mais le dénouement peut être heureux pour le peuple français, s’il parvient collectivement à refuser les procédés criminels, et à démasquer ceux qui dans l’ombre tirent les ficelles de la guerre civile.

Plus l’Etat et les autorités refusent aux musulmans de pratiquer leur foi en toute quiétude, plus le communautarisme religieux se présente à eux comme la seule solution, et plus le retour de bâton sera violent. A mesure que la pression s’exerce entre les Français sur des considérations ethniques et religieuses, la guerre civile – ou le massacre en règle – devient une perspective probable. Telle est la terrifiante réalité de notre pays. Elle peut encore être évitée, à condition de déjouer le processus d’exclusion exercé contre l’islam. Notre nation ne pourra relever la tête que par l’inclusion, par l’apaisement immédiat et inconditionnel. Le préalable à ce salut est d’en prendre conscience.

5 réflexions sur « L’islam, ennemi de l’intérieur : le chemin de la France vers la guerre civile »

  1. Les choses doivent être claires. En France, on ne veut pas de signes religieux ni de communautarisme. On doit tout donner aux musulmans en tant que citoyens, rien en tant que communauté. Si les musulmans veulent passer en force, comme cela semble être le cas, se sera la guerre civile. Et cela n’a rien à voir ni avec une politique de classes sociales, ni avec le capitalisme.

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  2. Analyse qui rejoint Emmanuel TODD auteur de « Qui est Charlie ».
    En tant qu’athée (non militant , je me contente de ne pas faire ch.. mon voisin) j’éprouvais un malaise confus face a ces manifestations ( et pas contre les manifestants) .
    Face a la barbarie de bêtes fauves , difficile de se rendre compte qu’ils ont été « dressés » ….. tout comme Jérome !

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  3. Ce n’est pas la France qui rejette sa population musulmane, c’est la population musulmane qui rejette la France. Je ne comprendrai jamais comment vous, qui vous réclamez du matérialisme historique, pouvez vous glisser dans ce costume d’idiots utiles de l’obscurantisme. L’islam n’est soluble ni dans la République, ni même dans la démocratie.

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